Gabriel marchait le long d'un petit chemin de terre, les mains dans les poches de son bermuda beige. Il choisit un coin à l'ombre sous un gros chêne avant de s'y asseoir, s'appuyant sur ses mains. Il regardait passer les gens devant lui, du moins les demoiselles, à qui il adressait un petit sourire auquel elles répondaient en gloussant avec leurs copines pour repartir de plus belle. Et ce qui l'énervait le plus, c'est qu'elles se promenaient toujours entre filles, en groupe serré, et que si vous vouliez en draguer une, il fallait faire suivre le reste du groupe derrière vous. Si elles avaient un gros défauts ces demoiselles, c'était bien d'être beaucoup beaucoup trop solidaire entre elles.

Quoiqu'il en soit, le blondinet porta sa clope à ses lèvres avant dans inspirer une grande bouffée pour la recracher dans l'air, créant ainsi un nuage grisâtre de fumée de tabac froid horrible à respirer. Seulement du tabac ? Gabriel tourna la tête un instant, regardant un oiseau qui se posa à terre, trottinant sur quelques mètres avant de reprendre son envol. Le blondinet soupira, reportant une énième fois sa clope entre ses doigts à la bouche.

Au moins, si à Hawaii il ne savait pas faire la fête comme aux Baléares, il y avait de jolies filles ici; mais qui dit jolies filles, dit fêtes nuits et jours jusqu'à s'en faire péter non ? C'est vrai que les fêtes à Ibiza manquait plus ou moins à Gabriel : toutes ces nuits passées à danser sur les pistes de l'Amnésia à écouter les DJ les plus demandés du monde entier, ces journées entières à draguer les petites minettes australiennes, ces délires à vous en faire mourir de rire, ces heures entières avec sa bande de pote à se déchirer ou à se moquer du typique touriste français ou britannique accompagné de sa femme qui découvrent un paysage inconnu ...

« Et qui a dit que je voulais te manger ? x) » A vrai dire, Gabriel ne l'avait, sur le moment, pas vraiment écoutée. Ce qui était sûrement dû à la quantité industrielle de joints qu'il se fumait dans une journée ? Non ? Quoiqu'il en soit, cet état second quasi permanent. Mais il lui arrivait parfois - bien que très rarement, trop rarement - de se passer de fumer plusieurs jours sans pour autant en ressentir l'envie. Pendant ces quelques jours de sobriété totale, il lui arrivait parfois de réfléchir et surtout, ses vêtement ne sentait pas la fumée de cigarette.

« Gabriel » fit-il en lui adressant un sourire.

Gabriel ne prêta pas plus attention que ça à ses âneries, esquissant simplement un sourire en y repensant. Des conneries, ça lui arrivait d'en dire régulièrement mais surtout naturellement; tout comme les blagues un peu nazes mais qui ont toujours fait rire son petit monde autour de lui. Le blondinet se recontra un instant, écoutant la dénommée Rosie. Sa copine ... A vrai dire, c'était pas vraiment la super discussion il aimait aborder avec quelqu'un.

« Ma copine ? Arff, j'en ai pas, je suis libre comme l'air. x) »

Il se rappelait de sa longue chevelure, de ses yeux doux et de ses paroles affectueuses. Depuis qu'il la rencontrait, Gabriel n'a jamais plus pensé qu'à elle; elle le fascinait, l'obsèdait, le tentait puis l'anéantissait ... En troisième, ils avaient perdu leur virginité ensembles alors que le blondinet sortait officiellement avec la meilleure amie de cette fille. Mais officiellement ne veut pas dire officieusement. Mais dès le départ de cette dernière dans un pays lointain, le garçon n'a fait plus que penser à elle, allant jusqu'à négliger ses relations amoureuses actuelles; il entendait ses rires, revoyaient son sourire ... Sa petite amie savait pertinement qu'il aimait sa meilleure amie : elle le pardonnait, l'aidait, l'aimait, et il recommençait. Puis vint le jour ou jouer avec le feu devient un jeu dangereux et un jour Gabriel se retrouva seul alors qu'il apprenait que sa copine était partie avec son meilleur ami à lui. Depuis, le garçon n'a jamais été apte à revivre une vraie relation amoureuse. Ces dernières relations avec des filles étaient plutôt sans lendemain si vous voyez ce que je veux dire ...